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Les élus à la ferme à Vendenheim

Les professionnels du monde agricole ont interpellé les (nouveaux) parlementaires sur les maux dont souffre l’agriculture et les enjeux d’une transition.

Article de V. Bapt publié dans les DNA le 04/10/2017 – PHOTO DNA – Jean-Christophe DORN

La FDSEA a invité les parlementaires bas-rhinois (nouveaux et anciens) à la ferme Hassler à Vendenheim.
À l’une ou l’autre exception près, presque tous les élus, parlementaires (nouveaux et anciens) du nord au sud du département, ont participé, lundi, à une matinée d’échanges avec les représentants de la FDSEA du Bas-Rhin, les Jeunes agriculteurs et la Chambre d’agriculture. Objectif pour les professionnels : sensibiliser notamment les nouveaux élus LREM (La République en marche) sur leur vision d’un monde agricole en pleine mutation et influer sur les décisions nationales notamment à l’occasion des États généraux de l’alimentation.

« Nous sommes ouverts aux changements progressifs, à condition que ces derniers n’aient pas un impact trop lourd sur la vie des exploitations, il nous faut des garanties et de la visibilité », a insisté d’entrée Franck Sander, président de la FDSEA du Bas-Rhin.

Un puits sur le tracé du GCO : que devient-il ?

La rencontre s’est déroulée dans une exploitation jugée représentative du modèle alsacien, la ferme Hassler à Vendenheim, une exploitation de taille moyenne qui s’est diversifiée et a fait le choix de production à valeur ajoutée, productions qui permettent de « passer le cap » de la crise qui frappe certaines productions (les pommes de terre, par exemple), dont les prix se sont effondrés.

Du tabac ou chou cultivés hier par son père aux 7 hectares d’oignons aujourd’hui, Philippe Hassler a retracé les évolutions de la ferme d’hier à l’exploitation d’aujourd’hui qui vient d’investir dans les circuits courts avec un distributeur de fruits et légumes, une formule qui fait un tabac.

À Vendenheim, comme dans d’autres communes, des agriculteurs s’inquiètent de l’impact foncier du GCO et des futures compensations environnementales. « J’ai un puits sur le tracé, a expliqué Philippe Hassler. Or, pour moi, l’irrigation est vitale. Sans irrigation, c’est la moitié de la production. L’an prochain est-ce que je pourrai irriguer ? », s’est interrogé l’agriculteur qui n’a pas obtenu d’information à ce sujet. « Et s’il y a un remembrement, comment va-t-il se passer ? J’ai investi depuis des années, si on m’enlève ce puits, je suis très inquiet », a-t-il poursuivi.

« Pas d’interdiction brutale du glyphosate »

Outre le GCO, divers sujets d’actualité ont été évoqués, notamment le glyphosate, un herbicide sur la sellette. « Pas d’interdiction brutale », grondent les agriculteurs qui mettent en garde le public contre des « slogans simplificateurs ou les lobbys de la peur » et attendent de la recherche et développement des « solutions alternatives ».

Anne Sander, députée européenne, a rappelé que l’Europe laissait les États membres se positionner sur le dossier. Martine Wonner, députée de la 4e circonscription, elle, a préconisé une utilisation « avec tact et mesure réservée aux professionnels » et un accompagnement progressif avant la disparition.

Mécontents face à un contexte de prix bas généralisés, les agriculteurs – les éleveurs en particulier- tempêtent aussi contre les campagnes menées par les associations militantes du bien-être animal qui jettent l’opprobre sur leur travail. Bruno Studer, député de la 3e circonscription, a souligné les attentes de la société dans ce domaine.

« Plus vert, c’est plus cher », a résumé et conclu Franck Sander, après la réunion. « Les agriculteurs sont prêts à prendre le virage de la transition, à condition qu’ils soient rémunérés et sur un pied d’égalité sur les marchés. » Un débat loin d’être clos.

https://c.dna.fr/economie/2017/10/04/les-elus-a-la-ferme