Et, avec elle, le tout aussi traditionnel rendez-vous d’octobre : le projet de budget pour l’année suivante, dans lequel se glisse systématiquement une petite phrase « pour un siège unique ».
Chaque année apporte tout de même sa petite nuance dans la formulation. La version 2015 sera donc : « Le Parlement européen souligne que, pour générer des économies durables dans le budget de l’Union, le Parlement et le Conseil doivent impérativement établir une feuille de route pour un siège unique, dont la nécessité a été soulignée par le Parlement dans plusieurs de ses résolutions antérieures ».
Il a été adopté mercredi par 511 voix contre 124 et 54 abstentions, soit 74 % des voix. Un tout petit peu plus que les voix rassemblées en novembre 2013 par le rapport Fox-Häfner, le premier rapport proprement dit à demander que les chefs d’État et de gouvernement ouvrent le dossier du siège du Parlement. Ils sont les seuls à pouvoir le faire, à l’unanimité.
Bien que « rapport d’initiative », rédigé à la demande des eurodéputés, le texte de 2013 a plus de valeur que les dizaines d’amendements qui l’ont précédé. Et c’est sur lui que s’appuie ce paragraphe du projet de budget demandant « une feuille de route » aux États membres. Sur ce rapport, et sur une majorité bien installée : les 50 % de « petits nouveaux » du Parlement ont vite choisi leur camp. Et il n’est pas à Strasbourg.
« Il existe déjà un seul et unique siège du Parlement européen, c’est celui de Strasbourg », s’est émue l’eurodéputée alsacienne Anne Sander (UMP) après le vote. À juste titre, puisque les traités n’établissent en effet qu’un seul siège au Parlement européen, Strasbourg, et posent Bruxelles et Luxembourg comme des « lieux de travail ».
« Ressource otage » des hôteliers
Agacés par le temps de transport, les eurodéputés et leurs équipes le sont aussi par les conditions d’accueil. À tel point que trois d’entre eux ont adressé au maire de Strasbourg une lettre pour s’en plaindre.
« Nous sommes devenus, au fil des ans, une ressource “otage” », estiment les élus, se plaignant de la hausse des tarifs des hôtels pendant les sessions. « Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour », poursuivent-ils, demandant à la Ville d’agir « de manière décisive contre ces pratiques hôtelières abusives. Nous ne voulons pas être sujets de prélèvement économique. Le Parlement européen contribue à la richesse de la ville, mais cela ne doit pas aller jusqu’au point où les prix se multiplient à cause de notre présence. »