Ci-dessous un article publié dans le 20 minutes, le 17 février 2017.
INSTITUTIONS Répétées depuis plusieurs années déjà, les attaques contre le siège du Parlement européen de Strasbourg s’accentuent ces derniers temps. De quels arguments dispose la cité alsacienne pour le conserver ?
Depuis plusieurs années déjà, le siège du Parlement européen de Strasbourg est fréquemment attaqué de la part des défenseurs de Bruxelles, où siègent les « mini-sessions ».
Après le vote du budget 2017 de l’Union dans la capitale belge (au lieu de Strasbourg comme prévu) dénoncé en justice par la France, les députés européens ont voté en ce sens la résolution de Guy Verhofstadt visant à « réformer profondément » l’institution.
« Notre Union est en crise », insiste l’ancien Premier ministre du plat pays en guise d’introduction à sa proposition d’installer « un seul siège pour le Parlement européen ». Sous-entendu : à Bruxelles uniquement, et plus à Strasbourg.
Mise en cause dans son statut de capitale européenne en ces temps d’économies budgétaires, quels arguments Strasbourg a-t-elle pour se défendre, avec toutes les questions de rayonnement et d’attractivité sous-jacentes ?
1. L’histoire
La ville est devenue dès 1952 le siège de l’assemblée de la Communauté européenne du charbon et de l’acier. De passage jeudi, le Premier ministre Bernard Cazeneuve a insisté dessus : « Il y a un héritage historique et l’histoire, ça compte. »
Ville symbole du rapprochement franco-allemand d’après-guerre, Strasbourg compte bien le rester. « La France est un des pays historiques de l’Union, il n’y a aucune raison de laisser partir une institution européenne », insiste le maire Roland Ries.
2. Les traités
Pour installer le siège du Parlement à Bruxelles, il faudrait renégocier un accord. Or, pour cela, l’ensemble des 28 membres de l’Union doivent s’entendre. « Et tout le monde sait que la France mettrait un veto », coupe court Catherine Trautmann, présidente de la Task force chargée de la défense de la position européenne de Strasbourg.
3. L’adaptation
Autour du Parlement, Strasbourg a continué d’évoluer, à l’image du quartier d’affaires international en construction. Mais aujourd’hui, le prochain contrat triennal (de soutien financier de l’Etat dans ce domaine) est en discussion, notamment pour améliorer l’accessibilité de la ville, en progrès mais toujours un point faible.
« Il faut aller le plus vite possible », insiste Catherine Trautmann, à propos des maquettes et des chiffres du contrat 2015-2017 à remettre sous peu à jour, ce à quoi s’est engagé l’actuel Premier ministre. Car l’ élection présidentielle pourrait faire évoluer la position politique et économique du gouvernement…
4. Un autre organisme ?
Au lieu de s’inquiéter, les élus veulent renforcer la place de Strasbourg en accueillant un autre organisme avec l’Agence européenne du médicament perdue (comme d’autres) par la Grande-Bretagne post-Brexit, en profitant d’un réseau informatique sécurisé, du contexte étudiant ou de la proximité avec la Commission européenne de la Pharmacopée…
Pourtant, aux yeux d’observateurs extérieurs, l’agence pourrait servir de monnaie d’échange ou de contrepartie. « Il n’en est pas question », répondent les élus. Après le dépôt de la candidature, le choix du pays et de la ville sera ensuite dicté par le tempo du Brexit. Strasbourg est donc loin d’être sûre de l’avoir. D’autant que la présidentielle à venir pourrait rebattre un certain nombre de cartes…