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Européennes : retour aux listes nationales

DNA - Anne-Camille Beckelynck - 30/11/2017 Les listes « régionales » aux européennes, c’est fini ! Le scrutin de 2019 verra s’opposer des listes nationales à la proportionnelle, a annoncé hier le Premier ministre Édouard Philippe. Avec le risque que le contact avec le terrain, déjà difficile à maintenir, se perde.

Le découpage de la France en huit grandes circonscriptions, en vigueur depuis les européennes de 2004, a vécu. On reviendra en mai ou juin 2019 à des listes nationales. La question se posait depuis la réforme territoriale de 2015 : certaines grandes régions nouvellement créées se trouvaient réparties dans deux circonscriptions différentes. Pas de souci pour la grande circo Est qui rassemble les Régions Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté, mais le problème se serait par exemple posé pour la Région Auvergne-Rhône-Alpes qui aurait été divisé entre les circonscriptions Sud et Centre.

Et comme il fallait redécouper, on s’est aussi demandé si on pouvait, après tout, ne pas découper du tout et revenir aux listes nationales telles qu’elles avaient eu cours de 1979 à 1999. Cette solution l’a emporté, après consultation des chefs de partis, mais aussi d’élus locaux. Ces derniers étaient favorables au maintien du découpage en circonscriptions, plus pratiques pour connaître les eurodéputés de leur secteur. Les chefs de partis étaient favorables au retour aux listes nationales, à l’exception des Républicains qui ont contesté cette décision hier.

Un « choix politicien »

C’est « un choix politicien, un regrettable retour en arrière, et une distance supplémentaire entre la population et leurs représentants européens », a réagi hier l’eurodéputée alsacienne LR Anne Sander. C’est l’avis dans son parti, mais aussi une opinion assez partagé parmi les eurodéputés français, à tel point que le centriste Jean Arthuis, pourtant soutien de la première heure d’Emmanuel Macron et adhérent à “En Marche !”, a vivement critiqué la décision : « Faire le choix de listes nationales aux élections européennes, c’est privilégier les calculs partisans, les états-

majors parisiens, c’est couper le lien entre le député européen et les électeurs et territoires. C’est perpétuer une Europe qui ne parle pas aux citoyens. »

Les grandes, très grandes circonscriptions n’étaient certes pas parfaites : il est difficile de faire campagne dans une zone, puis de maintenir un lien étroit avec elle quand celle-ci fait la taille de la Hongrie et compte autant d’habitants que l’Autriche, ce qui est le cas pour feu la circo Est. Mais cette échelle était déjà bien meilleure que l’échelle nationale pour la représentation de la diversité française. Avec des listes nationales, les partis vont pouvoir « recaser » beaucoup plus de déçus des précédents scrutins – et des « déçus », les dernières législatives en ont fait beaucoup –… Les listes régionales permettaient, en obligeant à ce que des personnalités locales y figurent, de contenir ce fâcheux penchant à quelques « parachutages ».

Une campagne centrée…
sur la politique française

La qualité du débat risque aussi d’en pâtir, avec des sujets de campagne très centrés sur la politique française, loin des dossiers de fond que sont la pêche, l’agriculture ou l’industrie, systématiquement traités dans les régions concernées et portés par des eurodéputés bien identifiés.

Et certaines représentations régionales risquent elles-mêmes de disparaître, comme le craignait lors de la dernière session à Strasbourg l’élu néo-calédonien LR Maurice Ponga : « Avec des listes nationales, les eurodéputés d’outre-mer, c’est fini ! Les partis à Paris vont nous oublier ! »

https://c.dna.fr/politique/2017/11/30/europeennes-retour-aux-listes-nationales