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Tribune parue dans les DNA – Dissocier l’adhésion britannique de l’approfondissement de la construction européenne

En janvier 1963, le général de Gaulle annonçait son veto à la demande d’adhésion du Royaume-Uni à l’Europe. Moins de 15 jours plus tard, il scellait avec le chancelier Adenauer le rapprochement franco-allemand en signant le traité de l’Elysée.

François Hollande et Angela Merkel Demain, se retrouveront à Strasbourg, symbole de cette réconciliation franco-allemande, pour préparer le sommet qui décidera, dans 15 jours, de l’accord entre l’Europe et le Royaume-Uni pour espérer obtenir un oui au prochain référendum anglais sur l’appartenance à l’Union.

Le parallèle historique est nécessaire pour comprendre les enjeux des discussions actuelles et tracer un chemin pour l’avenir de l’Europe.

En 1963, le couple franco-allemand avait clairement dissocié l’adhésion britannique de l’approfondissement de la construction européenne.

Demain, François Hollande et Angela Merkel devront en faire de même.

La Grande-Bretagne a déjà mis un pied en dehors du projet européen en refusant Schengen, en refusant l’euro, en refusant la Charte des droits fondamentaux.

Aujourd’hui, elle veut s’affranchir du préambule du traité de Rome, à savoir, l’« Union sans cesse plus étroite entre les peuples » qui guide la construction européenne depuis son origine.

L’Europe ne doit plus être l’otage de ceux qui rejettent cette union. L’horizon politique de l’Europe se situe au-delà d’une simple addition des intérêts économiques nationaux.

Aujourd’hui, le référendum britannique bloque des propositions en faveur d’une meilleure intégration de la zone euro et d’une plus grande régulation de la finance. Mais surtout, il freine toutes les actions en faveur d’une convergence sociale et fiscale dont nos agriculteurs et nos entreprises alsaciennes – les petites et moyennes en particulier – ont besoin pour ne plus subir de dumping social et être compétitifs sur le marché commun.

Les concessions que risque d’obtenir le Royaume-Uni n’aideront cependant pas les Anglais à répondre à cette question fondamentale : souhaitez-vous continuer l’aventure européenne et acceptez-vous d’en payer le prix ?

Demain, François Hollande et Angela Merkel devront eux-mêmes s’interroger : l’intégration politique de l’Europe, initiée par le couple franco-allemand, incarnée par la ville de Strasbourg, est-elle soluble dans les exigences contradictoires de ceux qui ne défendent que leurs propres intérêts ?

 

Tribune parue dans les Dernières Nouvelles d’Alsace le 6 février 2016

https://c.dna.fr/politique/2016/02/06/l-europe-ne-doit-plus-etre-l-otage-de-ceux-qui-rejettent-cette-union