Le 03/06/2016 – La Croix
Céline Schoen (à Bruxelles) avec Marianne Meunier
A Strasbourg, la victoire d’un camp ne se joue pas contre un autre : l’institution cherche à rassembler la diversité des approches. Les eurodéputés se muent en équilibristes, cherchant jusqu’où aller dans la conciliation sans compromettre leurs positions.
«Si personne n’est content d’un compromis, c’est qu’il est bon, s’amuse Anne Sander, députée du Parti populaire européen (PPE), le groupe de centre droit majoritaire au Parlement. On cherche des termes acceptables par tous. » Haut lieu de la voltige législative, l’hémicycle européen évolue dans une culture du compromis qui permet aux groupes politiques de trouver un terrain d’entente, vote après vote, afin de parvenir à une majorité. Qui se fait et se défait, au fil des textes.
« Imaginez une proposition sur l’environnement, explique le député écologiste Yannick Jadot. Nous, on considérerait qu’il faut 100 % d’énergie propre. Mais les conservateurs demanderaient 1 % et les socialistes 30 %. Alors, nous, les Verts, pour être sûrs d’arriver à quelque chose, on reverrait nos attentes à la baisse et on se battrait pour qu’on arrive à 50 % ! » Une gymnastique qui exige de la souplesse : « On a nos lignes rouges qu’il ne faut pas dépasser, explique Nathalie Griesbeck, des Libéraux. Mais dans cette culture du compromis, je sais que je vais peut-être devoir mettre de l’eau dans mon vin. »
Pour comprendre cette figure imposée du compromis, il faut se pencher sur le mode de désignation du Parlement : il est élu au scrutin proportionnel, et ce système ne permet pas qu’un seul groupe détienne la majorité absolue des sièges. « C’est perturbant du point de vue de l’extérieur, et surtout depuis la France, où l’on a un fonctionnement parlementaire binaire », concède Florent Saint-Martin, spécialiste du Parlement européen et professeur à Sciences-Po Paris.
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