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Anne Sander (PPE): «Les Etats ne peuvent à la fois dénoncer l’impact des déséquilibres sociaux et éviter que l’Union n’interfère dans leurs politiques nationales»

La revue permanente des professionels de l’Europe – Christophe Nonnenmacher – publié le 01/10/2015

L’Union serait-elle impuissante à imposer une convergence sociale en Europe susceptible de mettre un frein au dumping social de certain Etats membres et de renforcer ainsi la protection de l’ensemble des entreprises et des travailleurs européens? «Non», répond en partie Anne Sander, invitée de septembre du cycle 2015 des Petits déjeuners européens de l’ENA consacrés à l’Europe sociale. «Non», pour peu, toutefois, que les Etats membres prennent leurs responsabilités et s’accordent sur la mise en oeuvre d’une véritable politique commune ambitieuse et volontariste en matière d’emploi…

 

«Je suis pour une Union plus intégrée, avec des règles édictées et sanctionnées ensemble», déclarait mercredi 9 septembre Anne Sander, à l’occasion de son intervention dans le cadre du cycle 2015 des Petits déjeuners européens de l’ENA consacrés à l’Europe sociale. Presque à contre-courant, du repli identitaire de nombreux Etats membres en matière d’emploi, la députée européenne PPE Anne Sander n’en démord pas : si solution il y a à la lutte contre le chômage et à la relance économique des entreprises en Europe, celle-ci passe inévitablement par un renforcement des politiques européennes. Plus qu’un simple crédo fédéraliste, une approche de bon sens, à écouter l’ancienne attachée parlementaire de l’actuel président du Parti populaire européen, Joseph Daul. Car, sans approche commune, aucune avancée ne pourra être obtenue en matière d’harmonisation fiscale ou salariale en Europe. Une harmonisation source de nombreuses tensions internes dans les pays membres, dont l’une des plus médiatisées ces derniers mois reste celle des travailleurs détachés. Reste, pour y parvenir, à convaincre les Etats membres de mettre fin à une forme de double langage consistant à dénoncer l’impact négatif des déséquilibres sociaux en Europe, tout en «se retranchant derrière le principe de subsidiarité pour éviter que l’Union n’interfère trop dans leurs politiques nationales» et ne cherche, par là-même, à leur imposer une certaine cohérence communautaire.

L’Elargissement : faux bouc-émissaire de l’échec des politiques sociales

 

Point récurrent de cristallisation des crispations sociales parmi les membres historiques de l’Union, l’Elargissement fait souvent office de bouc-émissaire d’une réalité sociale dégradée et d’un dumping social exacerbé. «Ce ressenti est réel chez un certain nombre de citoyens, reconnait l’élue. Mais nous ne sommes pas allés trop loin avec l’Elargissement». Le Marché intérieur, même élargi reste une «opportunité réelle pour nos entreprises et nos travailleurs d’être mobiles dans toute l’Union, insiste-elle. Cela même si l’Elargissement s’accompagne également d’une difficulté consistant à ce que ceux-ci se retrouvent confrontés, parfois de manière déloyale, à une concurrence sociale et salariale, voire, pour les PME, à une concurrence sur des coûts qu’elles ne maîtrisent parfois pas». Sans nier la réalité des faits, Anne Sander pose les termes du débat: comment valoriser et développer les opportunités liées à l’Elargissement tout en reconnaissant et réduisant progressivement ses effets plus discutables? Au cœur de la polémique, sur laquelle la plupart des partis eurosceptiques font leur lit, la création d’un fossé salarial et social de part et d’autre de l’Union. Là où le salaire minimum atteint 1922,96 euros mensuels au Luxembourg, celui-ci ne dépasse pas les 184,07 euros en Bulgarie. Vu du terrain, de nombreux chefs d’entreprises, des salariés directement confrontés aux effets de cette concurrence géographique au sein d’un même marché, ne manquent pas de stigmatiser cet écart: « Lorsque vous discutez avec nos agriculteurs, illustre Anne Sander, avec tous les secteurs qui emploient beaucoup de main d’oeuvre, ce différentiel est un véritable problème!». Mais croire que l’Elargissement en serait la seule cause, que le Parlement ou la Commission vers lesquels se tournent régulièrement les états-majors politiques nationaux en période de mécontentement populaire, pourront seuls résoudre cette équation relève indéniablement du leurre. Plus que l’Elargissement en tant que tel, la gestion de l’Elargissement et les blocages gouvernementaux lorsqu’il s’agit d’harmoniser vers le haut les politiques sociales définissent le véritable cœur du problème.

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