Propos recueillis par Clémentine Forissier
22.05.2014 à 15 h 09
Après avoir travaillé 15 ans auprès de Joseph Daul en Alsace, Anne Sander figure en troisième position sur la liste UMP dans la circonscription Grand-Est. Engagée en politique en Alsace, elle connaît bien les problématiques transfrontalières.
Anne Sander est la candidate alsacienne de la liste UMP du Grand-Est
Vous avez travaillé auprès du président du groupe PPE du Parlement européen Joseph Daul pendant près de 15 ans. Ce n’est donc pas votre première campagne. Quelle est la différence cette fois-ci ?
C’est plus difficile, car le contexte est plus difficile. L’insatisfaction est claire. Les gens viennent nous faire part de tout ce qui ne va pas. Il y a un gros ras-le-bol de la situation nationale. Les électeurs pensent qu’ils vont pouvoir se défouler à l’occasion de ce scrutin. Le vote FN est décomplexé.
On peut aussi constater une forte méconnaissance de ce qui relève des niveaux national et européen. Les directives sur les escabeaux, sur les nitrates… Nous devons faire beaucoup de pédagogie.
Paradoxalement, les salles sont pourtant plus pleines. Peut-être parce que je suis moins connue que Joseph Daul et qu’il y a une envie de savoir qui je suis…
Quels sont les sujets dont les gens vous parlent ?
Ils sont inquiets de la concurrence des entreprises étrangères, nous disent qu’on est allés trop vite sur l’élargissement. La défense est aussi un sujet dont on n’entendait pas parler en 2009. Cette année, la question revient à toutes les réunions. Les gens nous demandent ce que fait l’Europe en Ukraine.
Par ailleurs on se rend compte que des problématiques apparaissent parce que l’Europe existe. La libre circulation des personnes engendre des difficultés pour lesquelles nous n’avons pas encore de réponses.
Encourager les citoyens à aller voter parce que cela leur permettra de choisir le président de la future Commission européenne : cet argument porte-t-il auprès des électeurs ?
Dans les milieux qui connaissent les institutions de l’UE oui. Pour les gens qui ne connaissent pas l’Europe, ce n’est pas un argument de campagne…
Pourquoi vouloir être députée européenne ?
Ce n’est pas un plan de carrière. J’ai travaillé pendant longtemps avec Joseph Daul. Il avait deux scénarios pour qu’un Alsacien figure au moins en troisième position sur la liste. Nadine Morano ayant été choisie comme tête de liste, il fallait une femme. Je n’avais aucune ambition dans ce domaine, mais ma candidature ne tombe pas non plus « comme un cheveu sur la soupe ». Je suis engagée depuis longtemps en politique en Alsace.
Vous avez fait une thèse en économie. Sur quels dossiers souhaitez-vous vous impliquer au Parlement ?
C’est trop tôt pour le dire, nous allons décider ensemble avec tous les élus UMP après le scrutin du 25 mai. Je suis intéressée par le travail législatif sur le fond et serai capable de m’adapter à différentes thématiques. Tous les sujets liés à la ruralité à l’économie m’intéressent. L’agriculture, la viticulture aussi… Je côtoie ces publics depuis longtemps.
Certaines réformes me semblent fondamentales. Nous avons par exemple été beaucoup interpellés sur la convergence sociale et fiscale. Le coût de la main-d’œuvre est beaucoup plus élevé en France qu’en Allemagne dans le bâtiment ou l’agriculture. Pour les artisans c’est aussi un enjeu dramatique.
Bien sûr cela prendra beaucoup de temps, le sujet est compliqué. Il faut avancer petit pas par petit pas. La question du salaire minimum est aujourd’hui encore un slogan, car il faut voir ce que l’on met derrière.
Au Conseil économique, social et environnemental d’Alsace (elle est présidente de la commission « Territoires et coopération » au conseil économique, social et environnemental régional (CESER), ndlr) nous avons beaucoup travaillé sur les problématiques transfrontalières.
Il faudrait créer un système plus souple pour les régions frontalières avec un cadre législatif plus favorable. Il faudrait par ailleurs un budget plus important pour la recherche au niveau européen afin de mettre en commun nos ressources plutôt que d’avoir des centres de recherche isolés.