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Au Parlement européen, les Français en mal d’influence

Le problème de l’influence des députés européens français souligné par le magasine La Croix, dans un article daté du 18 janvier 2017.

Sur 751 eurodéputés, 74 sont Français, dont plus du quart issus du Front national. Ils occupent peu de postes à responsabilité à Strasbourg et à Bruxelles.

« En perte d’influence », « marginalisée », « transparente » – tels sont les attributs qualifiant le plus souvent la présence française au Parlement européen. La tendance n’est pas au changement. L’Italien Antonio Tajani, issu du Parti populaire européen (PPE), a pris la tête de l’institution le mardi 19 janvier, balayant d’un revers de main les ambitions du Français Alain Lamassoure qui n’avait pas réussi à faire l’unanimité au sein de son groupe.

Le président de l’hémicycle est épaulé par 14 vice-présidents, désignés ce mercredi 20 janvier. La socialiste Sylvie Guillaume a été réélue. C’est la seule Française à ce poste. D’après une étude menée par le site VoteWatch, en septembre 2016, elle est la députée la plus influente de la délégation française, qui compte 74 membres. Sylvie Guillaume se classe 16e, sur 751. « Je suis fière d’être distinguée pour mon travail, admet-elle. Mais les autorités nationales ne s’intéressent pas d’assez près aux responsabilités des eurodéputés. »

Sylvie Guillaume peut en revanche compter sur le soutien de son groupe – l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates – qui compte 13 Français, sur 189. Pendant la mandature 2009-2014, ils étaient 31. Isabelle Thomas, l’une des dix vice-présidents du groupe est aussi française. Françoise Grossetête, membre des Républicains, occupe cette même fonction au sein du PPE, la droite, majoritaire dans l’hémicycle.

« L’influence de l’Allemagne est très forte »

Aux élections européennes de 2014, Joseph Daul, qui présidait le PPE, et Daniel Cohn-Bendit, son homologue chez les Verts, ont cédé leur place à des Allemands. « On ne peut pas rêver meilleure influence qu’une présidence de groupe, admet Anne Sander, membre du PPE. Aujourd’hui, l’influence de l’Allemagne est très forte. » L’Alsacienne considère le renforcement des relations franco-allemandes comme un outil utile pour permettre à la France de revenir sur le devant de la scène européenne.

Au niveau des présidences de groupe politique, la France ne compte qu’une représentante : Marine Le Pen, du Front national (FN), à la tête de l’Europe des nations et des libertés (ENL). En 2014, les électeurs ont jugé bon d’envoyer 24 élus estampillés FN à Strasbourg et à Bruxelles. Malgré les défections de Joëlle Bergeron, d’Aymeric Chauprade et l’éviction de Jean-Marie Le Pen, ils comptent pour près d’un tiers de la délégation. Des compatriotes « pesants et handicapants » aux yeux de Sylvie Guillaume (S & D).

« Le FN est la première force française au Parlement »

Faut-il craindre l’influence du FN à Strasbourg ? « Il ne fait pas grand-chose, sauf remettre constamment en cause les valeurs de l’Europe », lâche Patrick Martin-Genier, professeur de droit à Sciences-Po Paris et spécialiste de l’Union européenne. Motivés par l’ambition de détricoter cette dernière, les élus d’extrême droite sapent les efforts de leurs collègues pro-européens. « Le FN est la première force française au Parlement, c’est une réalité qu’il faut rappeler, note Anne Sander (PPE). Ils nous ont affaiblis : sur la répartition des postes à responsabilité, l’impact est réel. »

Parmi ces « postes à responsabilité », ceux de présidents de commissions (tête d’un groupe de travail thématique) et de coordinateurs (sortes de porte-parole de son groupe politique au sein d’une commission) occupent une place importante. « Le but des socialistes français au Parlement, c’est de couvrir toutes les commissions parlementaires, d’avoir des yeux et des oreilles partout », décrypte une source européenne. « Les 13 que nous sommes nous débrouillons en démultipliant nos forces », explique Sylvie Guillaume.

Karima Delli à la tête de la commission des transports

Certaines commissions parlementaires sont plus cruciales que d’autres : « Affaires économiques et monétaires », « Marché intérieur et protection des consommateurs » ou « Affaires juridiques ». C’est là, plus qu’en plénière, que les dossiers avancent. Or la délégation française au Parlement compte aussi quantité d’anciens ministres. « Brice Hortefeux, Rachida Dati ou Nadine Morano comptent pour zéro dans l’influence française », regrette une source du S & D. Mais à gauche, Vincent Peillon n’est pas non plus des plus assidus. Aucun d’eux n’est favori pour occuper les postes de président de commissions redistribués la semaine prochaine.

Alain Cadec (Français du PPE) devrait conserver la présidence de la commission pêche de même que Jean Arthuis (ADLE) celui à la commission des budgets. À noter une nouvelle entrée : la Française Karima Delli (Verts) à la tête de la commission des transports et du tourisme en remplacement de l’Allemand Michael Cramer. Cette décision sera effective le 25 janvier.

https://www.la-croix.com/Monde/Europe/Au-Parlement-europeen-Francais-dinfluence-2017-01-18-1200818226