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“Pour un nouveau « sommet de Strasbourg »”

12 octobre 2016 : DNA (Anne Camille Beckelynck)

Europe – François Hollande devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Eurpe Pour un nouveau « sommet de Strasbourg »

Attention, sommet ! Et un gros ! Au Conseil de l’Europe hier, François Hollande a proposé de tenir en France, à Strasbourg, une réunion des chefs d’État et de gouvernement des 47 États membres du Conseil de l’Europe. La date proposée est 2019, pour les 70 ans du Conseil. Mais l’événement devra surtout être « politique », a-t-il souligné.

(François Hollande tenait hier à « renouveler l’attachement de la France » au Conseil de l’Europe, installé à Strasbourg. PHOTO DNA – Christian LUTZ-SORZ)

Après s’être mis dans les pas de François Mitterrand, François Hollande a suivi la trace de Jacques Chirac. Le dernier président français à s’être exprimé devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, c’était François Mitterrand, en 1992. Et François Hollande, hier, venait « renouveler l’attachement de la France » à l’organisation paneuropéenne, a-t-il dit dès l’ouverture de son discours.

Jacques Chirac, lui, avait invité le Conseil de l’Europe à tenir en France son deuxième sommet de chefs d’État et de gouvernement. Ce qu’il avait fait un an plus tard, en 1997. Et c’était à Strasbourg.

En 1997 à Strasbourg : Jacques Chirac, Helmut Kohl, Boris Eltsine et 37 autres

Hier, François Hollande, reçu en tant que président d’un État fondateur du Conseil mais aussi en tant que chef de l’État hôte de l’organisation, a renoué avec cette offre d’hospitalité : « La France est prête à organiser un sommet, le quatrième », a-t-il dit devant l’Assemblée. Ce sommet aurait lieu en 2019, au moment où le Conseil fêtera ses 70 ans, et alors que la France assurera la présidence tournante du Comité des ministres du Conseil.

Et ce sommet aura lieu « à Strasbourg, bien sûr ! », a assuré aux DNA Harlem Désir, ministre des Affaires européennes, qui accompagnait François Hollande au Palais de l’Europe hier.

Le premier sommet du Conseil avait eu lieu à Vienne en 1993, alors que l’Europe politique se redessinait suite à la chute du bloc soviétique. On voyait se dessiner la « maison commune européenne » que Mikhaïl Gorbatchev appelait de ses vœux depuis ce même hémicycle strasbourgeois en juillet 1989, avant même la chute du Mur de Berlin. Alors que se tenait ce sommet de Vienne en 1993, 10 anciens États du « bloc de l’Est » (parmi lesquels la Hongrie, la Pologne, les Républiques tchèque et slovaque tout juste séparées) avaient déjà planté leur drapeau devant le Palais de l’Europe.

Quatre ans plus tard, au sommet de Strasbourg initié par Jacques Chirac, le Conseil était passé de 32 à 40 États membres, comprenant la Russie et l’Ukraine. 1 300 journalistes avaient couvert l’événement, pour lequel s’étaient déplacés tous les chefs d’État et de gouvernement des « 40 ». Sur la liste des orateurs, des noms qui racontent une époque : Boris Eltsine, Helmut Kohl, Tony Blair.

Huit ans plus tard, au sommet de Varsovie en 2005, le chancelier allemand Gerhard Schröder s’était peut-être senti un peu seul à la table des États fondateurs. La France, le Royaume-Uni, l’Italie, avaient envoyé des ministres. L’enjeu pour le Conseil était alors de trouver sa place face à l’Union européenne, et la liste des défections en disait long. Le président russe Vladimir Poutine, qui n’a jamais honoré les invitations du Conseil, avait lui aussi délégué son ministre des Affaires étrangères, Serguei Lavrov – toujours en poste 11 ans plus tard. La Turquie, membre du Conseil depuis 1949, avait pris la chose au sérieux : l’orateur s’appelait Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre – il est entre-temps devenu président.

« Une très bonne nouvelle pour la dimension européenne de la ville »

Et hier, François Hollande a insisté : le sommet de Strasbourg en 2019 doit être « un événement politique et pas uniquement une cérémonie » d’anniversaire. « L’œuvre du Conseil de l’Europe » de chercher et maintenir la paix « n’est pas achevée ». En effet, les sujets de discussion ne manquent pas, ne serait-ce que les urgences du conflit russo-ukrainien, qui oppose deux États membres, et du drame syrien, dans lequel la Russie est là aussi impliquée (lire ci-dessous). Sans compter le terrorisme et les défis qu’il pose aux démocraties, sujet que François Hollande a aussi longuement évoqué hier.

Or, du point de vue de ces urgences, « 2019 c’est loin ! », notait l’eurodéputée alsacienne Anne Sander (LR) en descendant de la tribune des invités. Mais c’est aussi, soulignait-elle, « une très bonne nouvelle pour la dimension européenne de Strasbourg ». Encore faut-il que les élections de 2017 ne fassent pas table rase du projet…