De nouveaux leaders mais pas d’initiative nouvelle dans la campagne pour le regroupement à Bruxelles des activités du Parlement
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Par Olivier Mirguet
Ce n’est pas encore une tempête, juste une brise qui a soufflé mercredi sur l’hémicycle de Strasbourg : la campagne pour le siège unique du Parlement européen est relancée. Le six membres (*) du bureau du comité de pilotage partiellement renouvelé pour la campagne “Single Seat” ont organisé une conférence de presse, le 22 octobre, pour s’en féliciter.
« Nous relançons la campagne, comme promis, dans la nouvelle législature », a déclaré Anna-Maria Corazza-Bildt, présidente du comité de pilotage, ravie du résultat des votes sur le rapport relatif au budget général de l’UE en 2015 : les députés se sont exprimés, mercredi, en faveur (511 voix pour, 124 contre) de l’établissement d’une feuille de route pour le siège unique. Ashley Fox, co-auteur avec le député sortant Gerald Häfner (Verts-ALE, Allemagne) du rapport d’initiative (2012/2308) sur la fixation du siège des institutions européennes, poursuit le combat engagé sous la précédente législature. Il propose, sans inflexion dans l’argumentaire rodé depuis 2012 (« coûts supplémentaires liés aux déplacements », « impact environnemental »), de regrouper les activités du PE à Bruxelles et d’implanter une université européenne dans les 218.000 mètres carrés des immeubles strasbourgeois. Strasbourg n’accueille que les sessions plénières (trois jours et demi, douze fois par an) du Parlement européen. « Il est plus utile d’avoir une deuxième université qu’un deuxième siège », a-t-il dit à Europolitics.
L’Autrichienne Ulrike Lunacek, déjà présente dans la campagne Single Seat dans la précédente législature, milite en faveur du regroupement à Strasbourg des institutions européennes relatives à la justice et aux droits de l’Homme. « On pourrait rapprocher la Cour de justice de l’Union européenne de la Cour européenne des Droits de l’Homme », propose-t-elle. Quitte à vider Luxembourg d’une partie de ses institutions, pour regarnir Strasbourg ? « Cette Union européenne doit faire quelque chose pour ses citoyens », répond seulement Mme Lunacek.
L’absence de propositions nouvelles depuis la fin de la législature précédente, où la campagne Single Seat était emmenée par les députés sortants Edward McMillan-Scott (Royaume-Uni, ALDE) et Alexander Alvaro (Allemagne, PPE), s’explique peut-être par l’organisation avancée de cette conférence de presse, prévue initialement le 26 novembre à Strasbourg. « Cette semaine, trois députés ont fait circuler un courrier dans lequel ils demandent au maire de Strasbourg d’intervenir en faveur des conditions d’accueil des députés », rapporte Guillaume Delmotte, chef de la direction des affaires internationales à la mairie de Strasbourg. Ce courrier, sous la forme d’un mail adressé aux députés et à leurs assistants, aurait déjà rassemblé une centaine de signataires parmi les élus. Ignazio Corrao et Fabio Massimo Castaldo, membres italiens du groupe EFDD, tentent de recueillir d’autres signatures en vue de poser une question écrite au Conseil européen. Ils veulent proposer au Conseil d’accélérer le mouvement sur le changement des traités, afin que les députés puissent choisir eux-mêmes leur lieu de travail. « Les anti-Strasbourg sont désorganisés dans cette nouvelle législature. Les promoteurs de la campagne Single Seat ont peur de se faire doubler par la droite », observe Pierre Loeb, président de l’Association européenne des jeunes entrepreneurs, lobbysite strasbourgeois favorable au maintien su siège du parlement en Alsace. « Il existe déjà un seul et unique siège du Parlement européen, c’est celui de Strasbourg. Ce siège est non négociable », a déjà répondu Anne Sander (PPE, France), seule députée alsacienne élue au PE.
(*) Anne Marie Corazza Bildt (PPE, Suède), présidente, est assistée de cinq vice-présidents : Ashley Fox (ECR, Royaume-Uni), Ulrike Lunacek (Verts-ALE, Autriche), Dennis De Jong (GUE, Pays-Bas), Beatriz Becerra Basterrechea (ALDE, Espagne), Pina Picierno (S&D, Italie).