La Commission européenne a présenté vendredi 10 juin une nouvelle stratégie européenne pour l’acquisition de compétences. Concrètement, elle propose aujourd’hui dix actions qui seront engagées au cours des deux prochaines années visant à améliorer la visibilité et la reconnaissance des compétences à l’échelon local, national et européen, depuis les écoles et les universités jusque sur le marché du travail.
Un débat mardi 8 juin en plénière :
A la vieille de cette présentation, les députés européens ont pu exprimer leurs priorités lors d’un débat en plénière mardi 7 juin, auquel j’ai participé. Ci-dessous, mon intervention :
“Madame la Présidente, Madame la Commissaire, je voudrais saluer l’initiative de la Commission sur les compétences.
Les compétences sont aujourd’hui l’élément clé pour répondre aux profondes mutations que connaît l’Europe et qui se traduisent par une polarisation des emplois avec, d’un côté, des emplois très qualifiés et créatifs et, de l’autre, des emplois peu qualifiés. Je crois que l’enjeu est vraiment de permettre à tous les Européens d’avoir un niveau de compétence qui se traduise par un savoir, un savoir-faire, mais aussi un savoir-être en phase avec les besoins des entreprises. Dans ce sens, je crois que nous devons tout faire pour favoriser la formation par l’apprentissage, qui doit être développé mais aussi revalorisé, quel que soit le niveau d’études et que ce soit en formation initiale ou en formation continue.
Nous devons aussi réaliser un travail prospectif et travailler sur les compétences d’avenir. Dans ce sens, une plateforme d’information sur les compétences pourrait être un premier pas, mais il faudrait aussi un accompagnement personnalisé des demandeurs d’emploi et, en particulier, des plus fragiles, qui n’ont pas forcément les compétences pour s’en sortir avec une plateforme numérique.
Madame la Commissaire, je voudrais saluer votre engagement, mais surtout insister sur la nécessité que les États membres s’engagent dans ce sens.”
L’eurodéputé socialiste hongrois Tibor Szanyi me demande ce que je pense de la politique hongroise en matière d’acquisition de compétences; qui, selon lui, ne va pas dans le bon sens.
Ma réponse :
“Cher collègue, je pense qu’il faut vraiment que nous rappelions à nos États membres la nécessité de travailler sur les compétences et, en particulier, sur l’apprentissage.
Dans mon pays, la France, le gouvernement a placé l’apprentissage parmi ses priorités. Il l’a en tout cas annoncé mais, dans le même temps, il a pris des mesures qui ont vraiment découragé les entreprises, et en particulier les artisans qui, justement, font appel à des apprentis et favorisent l’apprentissage.
Par conséquent, là où je vous rejoins, c’est qu’il y a vraiment un travail à faire dans les États membres et dans le mien, la France, en particulier.”
Les propositions de la Commission, publiées le 10 juin 2016 :
(Inforgraphie : Les compétences des Européens (en anglais) – Source Commission européenne)
Je suis heureuse de voir que la Commission partage mes préocuppations, et propose, parmi ses 10 actions, de “faire de l’enseignement et de la formation professionnels (EFP) un premier choix en offrant aux apprenants de l’EFP davantage de possibilités d’acquérir une expérience d’apprentissage sur le lieu de travail et en améliorant la visibilité des bons résultats de cette filière sur le marché du travail.”
Pour plus d’information sur la stratégie européenne
Les 10 actions (source Commission européenne) :
- Une garantie des compétences pour aider les adultes peu qualifiés à acquérir un niveau minimal en lecture et écriture, calcul et compétences numériques et à progresser vers une qualification de deuxième cycle de l’enseignement secondaire.
- Une révision du cadre européen des certifications pour améliorer la compréhension des qualifications et conduire à une meilleure utilisation de toutes les compétences disponibles sur le marché du travail européen.
- Une «coalition en faveur des compétences et des emplois numériques» rassemblant les États membres et les parties intéressées dans le domaine de l’éducation, de l’emploi et de l’industrie pour constituer un large réservoir de compétences numériques et garantir que les personnes et la main-d’œuvre en Europe disposent des compétences numériques adéquates.
- Un «plan de coopération sectorielle en matière de compétences» pour améliorer la veille stratégique sur les besoins de compétences et remédier aux pénuries de compétences dans des secteurs économiques spécifiques.
D’autres actions seront lancées dans le courant de cette année et en 2017:
- Un «outil de profilage des compétences des ressortissants de pays tiers» permettant de déterminer rapidement les compétences et qualifications des demandeurs d’asile, réfugiés et autres migrants.
- Une révision du cadre Europass offrant aux personnes des outils de meilleure qualité et plus faciles à utiliser pour présenter leurs compétences et obtenir en temps réel des informations pratiques sur les besoins et les tendances en matière de compétences, qui pourront leur être utiles pour faire un choix de carrière et d’apprentissage.
- Faire de l’enseignement et de la formation professionnels (EFP) un premier choix en offrant aux apprenants de l’EFP davantage de possibilités d’acquérir une expérience d’apprentissage sur le lieu de travail et en améliorant la visibilité des bons résultats de cette filière sur le marché du travail.
- Une révision de la recommandation sur les compétences clés pour aider un plus grand nombre de personnes à acquérir le socle de compétences nécessaire pour vivre et travailler au 21e siècle, en mettant particulièrement l’accent sur la promotion des compétences et de l’esprit d’entreprise et d’innovation.
- Une initiative sur le suivi des diplômés pour améliorer l’information sur la progression des diplômés sur le marché du travail.
- Une proposition visant à approfondir l’analyse de la question de la fuite des cerveaux et à échanger des bonnes pratiques quant aux moyens efficaces pour lutter contre ce phénomène.